France: Hollande et ses requins

 

Hollande (Président) et Ayrault (Premier ministre)

Par Huber Huertas

On va mesurer, à partir de cet après-midi 25 juin [séminaire du gouvernement Ayrault], la densité de la tarte à la crème qu’on nous balance depuis le second tour des législatives, à savoir que François Hollande aurait tous les pouvoirs. Ainsi le pouvoir politique ferait ce qu’il voudrait! Il aurait plus de pouvoir que le pouvoir économique…Tu parles, Charles. C’est tellement faux que la bataille commence dès cet après midi.

• Le gouvernement doit sortir d’un cercle vicieux, en venant à bout de trois ennemis.

• Le cercle vicieux est connu: il faut «réduire les déficits», donc couper dans les dépenses, ce qui peut casser la croissance, voire provoquer la récession.

• Quant aux trois ennemis, ils sont clairement répertoriés. Ce sont les adversaires du gouvernement, ses soutiens, et le gouvernement lui-même.

• Pour sortir du cercle vicieux, le Président de la République dispose d’un mot magique: la justice. C’est son lubrifiant miracle. Le sésame universel qui permettra d’ouvrir les portes quand les gonds seront grippés et que les jointures hurleront: «S’il faut augmenter les impôts, que ce soit juste; s’il faut couper dans les dépenses que ce soit juste», a dit François Hollande.

• Les impôts s’adressent à ses adversaires. Aux riches dit-il, et aux grandes entreprises qui auraient bénéficié de largesses. Ces ennemis-là n’ont pas l’intention d’avaler la pilule sans rien dire. On lit partout, depuis quelques semaines, des témoignages d’exilés vantant le soleil fiscal de leur nouveau pays. Et des avertissements sont donnés tous les jours par des économistes ou des chefs d’entreprises. Dans la première catégorie, Christian Saint-Etienne par exemple, qu’on ne peut manquer nulle part à la radio ou la télévision ces temps-ci. Dans la seconde, le PDG de Saint Gobain (Pierre-André de Chalendar), ce matin 25 juin, dans Le Figaro. Ils ont l’assurance tranquille de ceux qui savent, même si la crise les a pris à revers, comme tout le monde, mais ils parlent, parlent fort, et parleront de plus en plus.

Il n’y a pas que les adversaires.

Il y a aussi les soutiens. Ceux qui ont voté Hollande et qui attendent, toutes dents dehors. Le candidat n’a pas beaucoup promis, et n’a jamais caché qu’il faudrait faire des efforts, mais il y a un mais. Il n’a pas dit lesquels. Il a plutôt mis en avant la colonne bénéfice de sa candidature. C’est une chose de dire qu’on va trancher, c’en est une autre de désigner les têtes qui vont rouler, et ce sera fait, à partir d’aujourd’hui. On risque de crier dans certains pans de la fonction publique.

• Face aux adversaires mobilisés et aux amis à cran, le pouvoir aura un troisième ennemi. Lui-même.

Aura-t-il le courage de garder sa ligne, de ne pas céder aux injonctions des uns, et aux revendications des autres?  Les premiers signes laissent deviner plus de demi-mesures que de mesures entières. Demi-coup de pouce pour le Smic, et demi-doublement pour le plafond du livret A [la base de «l’épargne populaire» en France].

• Il est trop tôt pour juger, mais une certitude s’impose déjà. Crise, déficit, besoin de justice et de relance, on ne peut plus noyer le poisson: c’est un requin…

(Billet de Hubert Huertas sur France culture)

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