La Syrie ou la révolution que le monde veut arrêter

Une rue dévastée de Homs, le 30 mars 2012

Par Khalil Habash

 «La première fois que nous avons appris que nos amis ont été massacrés, il y avait un cri d’horreur. Puis une centaine d’autres ont été massacrés. Mais quand un millier ont été massacrés et qu’il n’y avait pas de fin à la boucherie, un voile de silence s’est propagé. Quand la terreur vient comme la pluie qui tombe, personne ne crie “stop!”»

«Lorsque des crimes commencent à s’accumuler, ils deviennent invisibles. Lorsque les souffrances deviennent insupportables les cris ne sont plus entendus. Les cris, aussi, tombent
comme la pluie en été
. »

Bertolt Brecht (Poèmes, 1913-1958)

Ces paroles résonnent aujourd’hui dans le quotidien des Syriens et Syriennes. Le massacre des manifestants par les forces des services de sécurité continue malgré l’acceptation formelle du plan de Kofi Annan [1] par le régime et une partie de l’opposition représentée par le CNS [Conseil national syrien, «présidé» par Burhan Ghalioun]. Ce dernier a été reconnu par la «Communauté internationale» comme le représentant légitime du peuple syrien lors de la deuxième conférence des «Amis de la Syrie» à Istanbul, le 31 mars 2012. Cette reconnaissance de la «Communauté internationale» n’est pas sans poser problème, car une grande partie de la population et de l’opposition à l’intérieur du pays ne se retrouve pas et n’est pas représentée au sein du CNS.

En Syrie, loin des grandes déclarations et conférences internationales, la lutte courageuse des Syriens et des Syriennes se poursuit tous les jours face à la dictature criminelle du régime. A travers le pays, les manifestations et la résistance continuent. Quant à elle, la répression se poursuit et s’accentue [2].

La conférence d’Istanbul et le CNS

La conférence d’Istanbul n’a rien apporté de nouveau au peuple syrien, d’ailleurs de nombreux citoyens et citoyennes syriens ont raillé la conférence comme étant sans conséquences positives pour le peuple. Dans une manifestation à Dael, dans la province de Deraa, était brandie une grande pancarte sur laquelle était écrite «Amis de la conférence de la Syrie. Cela sera-t-il le premier Avril des imbéciles?». Un grand nombre de Syriens ont témoigné de leur déception suite à cette conférence; ce qui transparaissait déjà à  l’occasion des précédentes.

Le président américain Barack Obama et le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan se sont prononcés pour une aide «non-militaire» aux révolutionnaires syriens, soit des équipements de communication et du matériel médical, démontrant de la sorte la tiédeur des représentants étatsuniens. Eux qui ont été si prompts, par le passé, à envoyer des armes à travers le monde. Face à la révolution syrienne et aux conséquences non maîtrisées et non maîtrisables par l’administration démocrate et ses diverses forces – que ce soit à l’échelle de la Syrie et de toute la fragile mosaïque régionale – de la fin du régime Assad, la plus grande réserve est de mise à la Maison-Blanche, au-delà de la rhétorique d’Obama ou de Hillary Clinton. Il est nécessaire de redire et répéter la réalité suivante: aucun Etat n’a intérêt à la chute du régime Assad, ou plus exactement à l’écroulement des piliers de l’Etat syrien. Le pouvoir du clan Assad a permis d’éviter des affrontements avec Israël pendant près de quatre décennies, tout en matant des forces progressistes et résistantes qui tentaient d’émerger sur la scène régionale. De son côté, Israël, par l’intermédiaire d’Ehoud Barak, a demandé à Obama et aux Etats-Unis d’alléger la pression sur le régime syrien. En outre, il ne faut pas détacher la révolution syrienne des bouleversements qui ont abouti au renversement ou à la contestation des pouvoirs en place depuis fort longtemps dans le Proche et Moyen-Orient. L’expression de ces basculements, avec leurs spécificités, est trop vite réduite, par les médias, aux résultats électoraux, alors que le cycle des conflits socio-politiques est loin d’être clos.

L’échec du CNS est patent. Il n’a pas su aider le peuple syrien dans sa lutte révolutionnaire contre le régime dictatorial d’Assad. Le CNS n’a jamais proposé des moyens et/ou une stratégie effective pour renforcer le mouvement populaire à l’intérieur du pays. La dépendance du CNS envers les pays occidentaux impérialistes et leurs alliés de la région en sont la raison principale. Dès lors, les dirigeants du CNS ont accepté sans difficulté le plan Annan, imposé par leurs prétendus alliés de la «communauté internationale», les Etats-Unis en tête.

De plus, le CNS a été utilisé par la Confrérie des Frères Musulmans – qui contrôle le CNS avec les libéraux proches des Etats-Unis – pour se reconstruire en tant que structure, laquelle est absente aujourd’hui en Syrie. Ils ont été accusés d’utiliser les fonds du CNS, dont ils contrôlent la distribution en Syrie grâce à leur mainmise sur la commission d’aide humanitaire, pour reconstituer une base populaire et milicienne à l’intérieur du pays, après trois décennies d’exil.

Le CNS n’a pas su être inclusif et intégrer les autres composantes de l’opposition syrienne, tout en ayant une attitude autoritaire dans sa gestion des événements. A la conférence d’Istanbul, le Comité de coordination national pour le changement national et démocratique (CCNCD) – qui regroupe des partis nationalistes arabes, kurdes et socialistes, ainsi qu’un petit groupe constitué autour de l’intellectuel Michel Kilo – était absent, ainsi que la coalition Watan regroupant 17 partis de gauche. Un opposant connu, l’avocat Haitham al Maleh, s’est retiré de la conférence du 31 mars dès le début. Il reprochait au CNS de ne pas respecter les autres composantes de l’opposition en imposant, sans échanges préalables, son ordre du jour et ses propres procédures. Il avait d’ailleurs démissionné du CNS le 14 mars, en compagnie de deux activistes de longue date: Kamal al-Labwani et Catherine al-Telli.

Ce sont ensuite les Kurdes du Conseil national kurde (CNK) qui ont claqué la porte de la conférence d’Istanbul, en dénonçant l’absence de la question kurde dans les sessions et programmes proposés par le CNS.

La prolongation de Burhan Ghalioun à la tête du CNS sur aucune base démocratique a également fait l’objet de débats et de discussions dans le passé. Le mandat du professeur Ghalioun a en effet été imposé par le mouvement des Frères musulmans, lequel est satisfait de la manière dont Ghalioun s’est rapproché des gouvernements occidentaux et des pays du Golfe et donc des intérêts politiques du mouvement islamiste. Il constitue également un «visage acceptable» aux yeux de l’Occident et des Syriens laïcs selon l’ancien secrétaire général des Frères musulmans syriens: Ali Sadr al-Din al-Bayanouni.

Face à ce manque de démocratie, il a été demandé par certaines composantes l’établissement, au sein du CNS, d’un collège électoral qui désignerait le président sur la base d’un vote démocratique. Cette opinion est notamment défendue par l’islamiste Imad al-Din al-Rachid, ancien vice-doyen de la faculté de Charia de l’Université de Damas. Il a fondé son propre groupe, rival des Frères musulmans: le Courant national syrien. Il en va de même pour le groupe de la Déclaration de Damas, dirigé par le laïc Samir Nachar.

En outre, il faut rappeler qu’il existe beaucoup de dissensions et de divisions au sein du CNS. Ce n’est pas un groupe homogène. Il comprend des éléments de droite comme les Frères musulmans et des personnalités liées aux pays occidentaux comme Radwan Ziade et Basma Kodmani, jusqu’à la gauche avec le Parti démocratique du peuple. Un des meilleurs exemples fut l’accord mort né le 31 décembre 2011 entre Burhan Ghalioun et le CCNCD; accord qui fut finalement refusé par le comité exécutif du CNS.

Le plan Annan

Le plan Annan constitue une victoire pour le régime sous bien des aspects. Le plan de sortie de crise de l’émissaire, approuvé par l’ONU et entériné par la Ligue arabe, prévoit bien un cessez-le-feu immédiat, un accès à l’aide humanitaire pour les populations civiles, la libération des personnes détenues arbitrairement, la liberté de circulation pour les journalistes dans le pays et l’ouverture d’un «dialogue» entre le pouvoir et l’opposition, mais le texte ne demande pas – on pouvait s’y attendre – la démission du président Assad [3]. De plus, il place sur le même plan le régime syrien et les révolutionnaires en demandant la cessation de la violence, alors qu’il s’agit de la répression du régime qui pousse des Syriens à se défendre par les armes. Ces points, en particulier, ont été critiqués par une grande partie de l’opposition qui désire le départ du clan Assad, un gouvernement de transition et l’élection d’une Assemblée constituante.

Le plan Annan demande spécifiquement au gouvernement de retirer ses troupes et de ne plus recourir aux armes lourdes dans les zones habitées. Ce qui veut dire très clairement que le gouvernement doit le premier s’arrêter, puis débattre d’une cessation des hostilités avec «l’autre camp» et le médiateur. En attendant, le 10 avril 2012, le régime continue ses massacres contre la population civile, de manière quotidienne [4].

Pour le régime syrien, le plan Annan a reconnu au gouvernement le droit de «réagir aux violences» pour reprendre la formule de Jihad Maqdisi, porte-parole du ministère des Affaires étrangères. Ce dernier a ajouté que «la bataille pour le renversement de l’Etat est terminée. Notre objectif est d’assurer la stabilité et de créer les conditions nécessaires aux réformes et au développement de la Syrie, tout en empêchant certains de saboter la voie des réformes.»

Le régime de Bachar el-Assad a également accepté une demande de l’ONU d’accueillir une équipe d’experts pour étudier les conditions de déploiement d’une éventuelle mission d’observateurs dans le pays «déchiré par les violences». Une équipe du Département de maintien de la paix des Nations Unies devrait se rendre à Damas aux alentours du vendredi 6 avril pour discuter du déploiement d’observateurs afin de surveiller un cessez-le-feu en Syrie, a déclaré Ahmad Fawzi, porte-parole du médiateur international Kofi Annan.

Le président américain Barack Obama et son homologue russe Dmitri Medvedev ont d’ailleurs déclaré leur accord pour soutenir le plan de Kofi Annan et l’installation à Damas d’un gouvernement «légitime», dont chacun a sa propre vision, mais qui n’est pas celle du peuple syrien luttant pour la dignité et la liberté. De son côté, l’Arabie saoudite, le Qatar et d’autres pays du Golfe ont annoncé à Istanbul qu’à défaut d’armer l’Armée syrienne libre (ASL), ils financeraient ses combattants et les structures administratives du Conseil national syrien (CNS), sans préciser comment, de quelle manière et sous quelles conditions. Un nombre important de théories et de propagandes infondées ont relayé des informations indiquant que l’Arabe saoudite et le Qatar armaient l’ASL. Cela n’est pas le cas et cette dernière – ou plus exactement ses diverses composantes peu coordonnées – reste sous-armée et mal équipée face à l’armée du régime fort bien équipée pour ce genre de guerre contre la population, sans mentionner sa supériorité numérique.

Quelle approche face au plan Annan?

La possibilité existe-t-elle pour l’opposition (dans ses divers courants) et au peuple syrien insurgé d’accepter ou de refuser ce plan? Quelle serait l’alternative? Le refus du plan Annan par l’opposition serait exploité par le régime pour rejeter sur les opposants ladite continuation des violences et l’actuel massacre bien réel infligé par les sbires du régime. L’acceptation du plan Annan est liée à son application par le régime, lequel n’est vraiment pas digne de confiance. Il a démontré par le passé son mépris de toutes les initiatives visant à mettre un terme à la répression sanglante contre le peuple syrien.

Les Comités de coordination locaux (CCL) et une grande partie de l’opposition ont d’ailleurs accueilli avec scepticisme le plan Annan en déclarant que ce dernier connaîtra un destin similaire à celui de l’initiative élaborée par le Protocole de la Ligue arabe et de l’infâme Mission d’observation présente en décembre 2011. Les CCL ajoutent également que le régime a émis des réserves sur plusieurs dispositions du plan, le rendant dépourvu de toute signification. Le plan Annan, finalement, accorde au régime encore du temps pour assassiner plus de militants, selon les CCL.

L’acceptation du plan Annan ne signifie pas la fin de la révolution ou la fin de la mobilisation. Les CCL ont d’ailleurs déclaré que les jeunes militants doivent chercher à garder l’initiative dans leurs propres mains; à continuer de développer de nouvelles méthodes de résistance et à mettre en œuvre leurs forces pour maintenir «l’unité de notre société, de notre terre, et notre souveraineté».

Les autres groupes de l’opposition comme la gauche révolutionnaire syrienne insistent également sur la continuation de la mobilisation populaire, tout en acceptant le plan Annan, car la garantie de son application par le régime, à partir du 10 avril, est loin d’être assurée, comme nous pouvons le constater aujourd’hui. Les tanks et l’armée sont en effet toujours présents dans les villes et ne se sont pas encore retirés. Il est nécessaire de continuer la pression sur le régime Assad afin de ne pas lui laisser prendre l’initiative sur la  scène offerte par le plan Annan.

La question du soutien à la révolution syrienne et la gauche

La dynamique de la révolution syrienne est encore mal comprise par un grand nombre de personnes et notamment au sein de composantes de la gauche radicale en Europe, sans mentionner de l’Amérique latine. La focalisation de ces dernières sur le CNS et son alliance avec les gouvernements occidentaux tels que la France et les Etats-Unis et les régimes réactionnaires de la région comme l’Arabie saoudite les empêchent de prendre en compte la lutte du peuple syrien pour la démocratie, la justice sociale et pour une véritable indépendance, ce qui implique une lutte contre un régime autoritaire et criminel. Ce régime n’est ni «anti-impérialiste», ni «socialiste», ni «laïc» comme le prétendent certains. De plus, le CNS est devenu, dans les faits, plus un centre «d’information médiatique» et médiatisé qu’un groupe opérant à l’intérieur du pays et jouant un rôle primordial dans la mobilisation populaire. Au contraire, c’est plutôt son absence qui est remarquée. Est assourdissante dès lors l’absence d’informations sur les réelles forces agissant sur le terrain: les comités de coordinations dont certains sont très clairement marqués à gauche comme les comités de coordinations communistes, les rassemblements de jeunes comme Helem et Hashad, et bien d’autres encore. Les forces politiques progressistes se retrouvent en partie dans la coalition Watan, regroupant 17 partis de gauche. Il existe en Syrie une longue tradition de forces et courants de gauche. Il ne faut pas les négliger. Elles vont des communistes à des marxistes de différentes options politiques, jusqu’à des nationalistes.

De même, les condamnations des ingérences des gouvernements occidentaux impérialistes, de la Turquie de Recep Tayyip Erdogan ou des régimes réactionnaires du Golfe – qui veulent placer leurs pions, contenir le processus de révolution anti-dictatoriale et coopter une partie des forces politiques et non pas instaurer une démocratie, ce que nous savons – n’ont aucun sens si elles ne sont pas accompagnées d’une condamnation, sans condition, des interventions des régimes iranien et russe qui soutiennent le clan Assad. Ces derniers participent en effet, de manière directe, à la répression par l’envoi de matériels militaires et de «moyens humains» pour assister les forces de sécurité syriennes dans leurs œuvres criminelles. De plus, il ne faut pas oublier la nature de ces régimes et la façon dont ils traitent et oppriment «leurs» populations.

Il est certain qu’il n’existe pas en Syrie un parti de masse avec des dizaines de milliers de membres ayant des conceptions socialistes révolutionnaires. C’est une donnée qui n’est pas propre à la Syrie! De même, il n’existe aucun parti de masse exprimant d’autres tendances politiques. L’interdiction de toute activité politique et la répression violente et perpétuelle ces dernières 40 années ont empêché des développements de ce type.

Cela ne doit pas constituer un obstacle au soutien de cette révolution. Il en va de même pour ce qui est de la participation à une lutte révolutionnaire – d’autant plus resituée dans le cadre de la conjoncture politique régionale qui s’est ouverte en 2011 – dont les objectifs prioritaires sont: la démocratie, la justice sociale et une véritable indépendance! Nous ne choisissons pas dans quelles conditions se déroule une révolution, comme Karl Marx l’écrivait dans son livre Le Dix-Huit Brumaire: «Les hommes font leur histoire eux-mêmes; mais ils ne la font pas arbitrairement, dans des conditions choisies par eux: ils la font dans des conditions données, directement héritées du passé. La tradition de toutes les générations mortes pèse d’un poids très lourd sur le cerveau des vivants.»

Par contre, nous choisissons si nous voulons être des sujets actifs ou des spectateurs désabusés de l’histoire. Nous pouvons aussi choisir de soutenir un mouvement populaire dans sa lutte courageuse face à une dictature criminelle et autoritaire ou prendre l’option de rester silencieux face à un massacre. Notre volonté de changement ne peut s’accomplir si nous ne nous joignons pas au mouvement populaire syrien et ne jetons pas nos forces dans sa lutte héroïque. Et cela malgré les appréhensions et les peurs de chacun face à l’avenir et nos réserves politiques, idéologiques face à des acteurs de l’opposition. Par notre participation, nous pouvons viser à garantir l’indépendance du mouvement populaire et les objectifs d’une révolution dont personne ne veut, si ce n’est le peuple syrien qui a soif de liberté et de dignité. Bertolt Brecht avait bien raison  d’affirmer: «Celui qui combat peut perdre, mais celui qui ne combat pas a déjà perdu.» A nous de faire le choix. Victoire à la révolution syrienne et paix à nos martyrs!

Notes

[1] Selon RFI, en date du 5 avril 2012 : «Des combats très violents se sont produits en Syrie ce jeudi 5 avril alors qu’une mission de cinq à six personnes de l’ONU dirigée par le général norvégien Robert Mood arrivait dans la journée à Damas, pour examiner les modalités de la mise en œuvre du plan en six points de Kofi Annan, l’émissaire des Nations unies et de la Ligue arabe. Or, les autorités syriennes disent avoir commencé à retirer leurs troupes de certaines zones. C’est justement ce que souhaite vérifier Kofi Annan, qui veut que la date butoir du 10 avril soit respectée pour le retrait des forces armées des centres urbains. Ce jeudi 5 avril, le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté une déclaration sur la Syrie, entérinant cette date du 10 avril.» Pour rappel, le plan en six points présenté par Kofi Annan est le suivant: «1. Un processus politique ouvert, dirigé par les Syriens eux-mêmes, pour répondre aux préoccupations et aux aspirations du peuple syrien. 2. L’arrêt des violences sous toutes ses formes, sous la supervision de l’ONU, pour protéger les populations civiles. 3. Toutes les parties devront assurer l’acheminement de l’aide humanitaire dans toutes les zones touchées par les combats, et mettre en œuvre une trêve humanitaire de deux heures par jour. 4. Les autorités doivent accélérer la libération des personnes détenues arbitrairement et donner l’accès aux lieux de détention. 5. Les autorités doivent assurer la liberté de circulation aux journalistes dans le pays. 6. Les autorités doivent respecter la liberté d’association et le droit de manifester librement.» Kofi Annan a été secrétaire général des Nations Unies de janvier 1996 à décembre 2006. (Réd.)

[2] En date du 31 mars 2012, Jihad Maqdisi, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, dans un entretien à la télévision syrienne, souligne que l’armée syrienne se retirera des villes uniquement lorsque le calme sera revenu, afin de ne pas laisser, dit-il, les citoyens être pris en otage ou tués dans la rue, par les «terroristes»! Jihad Miqtasi affirme aussi que «la bataille pour mettre l’Etat syrien à terre a échoué» et que «la bataille pour reconstruire une nouvelle Syrie est en marche». Un message adressé, simultanément au CNS, à la «Communauté internationale» et aux «Amis de la Syrie», réunis à Istanbul le dimanche 31 mars. (Réd.)

[3] Le Woodrow Wilson International Center (WWIC)  se prononce pour un plan qui doit assurer le départ de Bachar el-Assad ainsi que son immunité internationale, ceci parallèlement à la constitution d’un «gouvernement d’unité nationale» incluant des éléments importants de l’appareil d’Etat et, y compris, du régime. Ce scénario impliquerait de laisser à la Russie de Poutine des cartes en Syrie (entre autres, l’accès au port de Tartous). L’ancienne représente républicaine de Californie Jane Harman (dans le cadre du WWIC) indique que le «modèle yéménite» est celui qui devrait être appliqué. (Réd.)

[4] Jérôme Bastion, correspondant de RFI, écrit, le 6 avril 2012, depuis Reyhanli, sur la frontière turco-syrienne: «Une indescriptible confusion, dans ce camp du Croissant-Rouge à Reyhanli qui sert juste de centre de triage, où sont arrivés dans la seule journée de ce jeudi 5 avril, plus de 2000 réfugiés syriens passant en Turquie. Des dizaines de bus et de camionnettes se préparent à répartir les nouveaux arrivants dans les villages de toiles ouverts récemment plus loin de la zone frontalière. Dans la lumière des phares et les cris, les gens se cherchent, s’interpellent, retrouvent parfois avec émotion quelqu’un de leur village. Parmi eux, cet ingénieur agronome qui a pu amener la famille de sa sœur, mais a dû laisser sa femme et ses propres enfants sur place; il n’a pas de mots assez forts contre Bachar el-Assad: «Il tire sur son peuple avec des bombes, avec tout ce que l’armée syrienne compte comme armement. Il tue les gens les animaux. J’ai du mal à raconter ce qui se passe en ce moment en Syrie.» Le gouvernement turc arrive tant bien que mal à gérer ce flot continu de réfugiés, mais, après avoir déjà dépensé 100 millions de dollars dans cette crise humanitaire, il fait désormais appel à la solidarité internationale pour la suite, car il craint des arrivées encore plus massives de Syriens fuyant la répression. Les offensives des forces du régime ont une fois encore été très violentes ce jeudi 5 avril. Des militants des droits de l’homme racontent les tirs d’artillerie, les tirs à l’arme lourde ou encore les snipers qui tirent sur les civils dans plusieurs fiefs rebelles. Face à cette situation humanitaire alarmante, le Conseil de sécurité de l’ONU a voté une nouvelle déclaration afin de faire appliquer au régime syrien le plan de paix de Kofi Annan. Il demande donc un retrait des chars des forces de sécurité syriennes des fiefs rebelles le 10 avril et un cessez-le-feu total deux jours plus tard, soit le 12 avril.» (Réd.)

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Khalil Habash est un militant syrien socialiste-révolutionnaire.

2 Commentaires

  1. Il est impossible d’être d’accord avec l’auteur de cet article. Paragraphe 2: le régime ne se trouve pas face aux forces révolutionnaires de Syrie, mais face à un grand nombre de groupes armés venus de l’étranger. Par.16:Barack Obama continue à financer les groupes armés en dépit de ses déclarations de non-intervention; il a intérêt à faire tomber le régime Assad. Ce paragraphe est de la désinformation, car la guerre de basse intensité menée par l’axe franco-anglo-saxon avec les groupes armés encadrés par eux est bien le fait qui domine l’actualité syrienne. Par.21 et 24: Les forces révolutionnaires syriennes n’ont jamais été dans une dynamique révolutionnaire depuis le début des événements mars 2011. Au par.24 vous reconnaissez qu’ils ne pouvaient pas le faire. Enfin cet article méconnait le contexte international de la crise syrienne et les dangers d’une guerre ouverte qui serait terrifiante.

    • Nous sommes en complet désaccord avec Amédée Nendaz qui, bien qu’ayant choisi l’option préférentielle pour les pauvres, manifeste ici un aveuglement de croyant. Sur le fond, l’article mis en ligne, ce 28 mai 2012 et signé Charles-André Udry, répond aux affirmations d’Amédée Nendaz qui, pour une fois, nous désolent. Rédaction A l’Encontre

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