Grèce. SYRIZA, DEA et l’élection du président de la République

La députée Gianna (Ioanna) Gaitani lors de la fermeture d'ERT en juin 2013
La députée Gianna (Ioanna) Gaitani lors de la fermeture d’ERT en juin 2013

Déclaration de DEA
et de Gianna Gaitani

Utilisant une procédure d’urgence Alexis Tsipras a proposé comme président de la République Prokopis Pavlopoulos. Pavlopoulos est un représentant typique de ladite «droite éclairée». Constitutionnaliste, membre éminent de Nea Dimoktatia (Nouvelle Démocratie), ministre sous la direction de Konstantinos Karamanlis (2004-2009), adepte d’un équilibre réglementé entre le marché et l’Etat, il était ministre de l’Intérieur lors du soulèvement des jeunes en décembre 2008. La propagande affirme qu’à l’époque Pavlopoulos a évité le carnage, s’opposant aux suggestions d’autres cadres éminents de la droite qui exigeaient une répression brutale, y compris avec la participation de l’armée. La vérité est que Pavlopoulos a mené une stratégie politique efficace, cherchant à isoler les protestations des jeunes, des principales forces du mouvement ouvrier et de la gauche, comme condition fondamentale pour exercer un étouffement définitif de la révolte.

La proposition pour l’élection de Pavlopoulos a été présentée devant la fraction parlementaire de SYRIZA en même temps qu’aux médias. Il y eut de fortes réactions provenant de l’aile radicale de SYRIZA. Ses membres ont toutefois reculé devant la possibilité que l’image publique de Tsipras – notamment à la veille de négociations cruciales avec l’Union européenne – soit compromise.

C’est ce climat que les camarades de DEA et du Red Network ont décidé de briser. S’exprimant lors d’une réunion commune du groupe parlementaire et du Secrétariat politique de SYRIZA, Antonis Ntavanellos (membre de la direction de Syriza) a dit qu’il n’y avait pas de consensus sur la proposition d’un président de la République provenant de la droite. Il a souligné que la politique de la «cohabitation» est en rupture avec le projet politique du «gouvernement de la gauche» qui a été approuvé par la conférence de SYRIZA. Et, dès lors, il a affirmé qu’il n’accepterait pas la discipline face à ce choix politique. Le lendemain, le camarade Antonis Ntavanellos a développé ses vues publiquement sur la radio de SYRIZA («Dans le Rouge»).

Lors de l’élection du président de la République par le parlement, la députée Gianna Gaitani (membre de DEA) s’est abstenue («absence»), malgré la menace d’une expulsion immédiate.

Ci-dessous est publiée la déclaration politique de Gianna Gaitani, députée de SYRIZA, Thessalonique. Elle a été reprise dans tous les médias qui ont saisi l’importance de cette prise de distance publique. Jusqu’à présent, il n’y a pas eu de mesures disciplinaires contre elle, tout au contraire; une vague impressionnante de solidarité se manifeste de la part des membres de SYRIZA. (18 février 2015)

Déclaration de Gianna Gaitani à propos de son absence
lors du vote pour le président de l
a République

Gianna Gaitani
Gianna Gaitani

Je n’ai pas assisté à la réunion de l’Assemblée nationale lors du vote pour l’élection du président de la République. En effet, pour des raisons de conscience et de tradition politique j’étais incapable de soutenir par un vote la proposition de SYRIZA, la proposition du parti pour lequel j’ai été élue.

Je continue de soutenir fermement le projet politique de SYRIZA, ses engagements et son programme et le gouvernement de la gauche.

Ce projet politique, je ne crois pas qu’il soit possible de le servir au travers de relations consensuelles avec la Nouvelle Démocratie et les dirigeants politiques de la droite.

Je crois toujours qu’au moyen d’un fonctionnement collectif de SYRIZA, à travers l’action de ses membres et par l’implication du Groupe parlementaire, ce projet s’accomplira de manière victorieuse. (18 février 2015, Gianna Gaitani, députée de Syriza, Thessalonique, traduction A l’Encontre en collaboration avec Anna Christopoulou)

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