Etats-Unis. La résistance après le jour de l’inauguration présidentielle

Par Keegan O’Brien

Vendredi 20 janvier 2016, Donald Trump prêtera serment en tant que président des Etats-Unis. Un homme qui a encouragé ses partisans à attaquer physiquement des protestataires et qui a fanfaronné sur le fait d’avoir harcelé et agressé sexuellement des femmes occupera bientôt le poste le plus puissant du pays. Des déportations massives [de migrants], des baisses d’impôts pour les riches et les entreprises, un «maintien de l’ordre» raciste et des incarcérations de masse, l’enregistrement obligatoire par le gouvernement de tous les musulmans américains ainsi qu’une attaque en règle contre les soins de santé procréative et le droit à l’avortement constituent autant de promesses de l’administration Trump à venir. Pensez-vous qu’il ne s’agit que de propos en l’air? Observez seulement le cabinet de Trump, une parade de néandertaliens de droite, de fondamentalistes chrétiens, de nationalistes blancs qui travailleront main dans la main avec un Congrès contrôlé par le Parti républicain.

Le message qui se fait le plus entendre de la part du Parti démocrate, y compris du président Obama et de l’ancienne secrétaire d’Etat Hillary Clinton, est malheureusement un message appelant à la coopération avec Trump et son administration. Avec quoi s’agit-il de coopérer? Avec sa promesse de déporter trois millions de travailleurs sans papier? Avec son engagement de renverser la décision de la Cour suprême de 1973 dans l’affaire Roe versus Wade instaurant un droit à l’avortement? Avec ses attaques contre les syndicats et les divers programmes sociaux? Aussi frustrante que soit la réponse du Parti démocrate, toute considération sérieuse des huit dernières années montre le rôle qu’ils ont joué en jetant les bases de l’accession de Trump au pouvoir.

Au cours des huit dernières années, l’administration Obama et le Parti démocrate se sont révélés être le parti du sauvetage de Wall Street; de l’austérité néolibérale et des coupes budgétaires; des déportations de masse et de la militarisation des frontières; d’un pouvoir accru de la police ainsi que du refus général d’entreprendre quoi que ce soit pour faire sérieusement face à la crise sociale que traversaient la classe laborieuse et les pauvres. Les politiques menées par Obama ont mis en place la machinerie que l’administration Trump étendra et intensifiera. Clinton a, en outre, mené une campagne sous le couvert du slogan «L’Amérique est déjà grande» au moment même où la plupart des Américains souffraient sérieusement. Dans ce contexte, Trump a été en mesure de vendre la plus grande des escroqueries, celle selon laquelle il était une alternative au statu quo, qu’il se lèverait et combattrait pour les petites gens. Cela ne se produira toutefois pas.

Les partisans de Trump ne sont pas en majorité. Seulement 25% des électeurs potentiels l’ont soutenu. L’immense majorité des gens sont opposés à son message empli de fanatisme et de haine. Il a perdu le vote populaire de près de trois millions de voix [le système électoral américain, héritier d’un compromis institutionnel avec le Sud esclavagiste lors de la fondation du pays, ne fait pas nécessairement accéder à la présidence le candidat qui reçoit le plus grand nombre de voix, mais celui qui dispose du plus grand nombre de votes des grands électeurs].

Aussi terrifiantes que puissent sembler les quatre prochaines années, ce qui se passera pendant cette période n’a rien d’inévitable si une majorité de gens s’opposent à Trump et à son agenda de haine, s’organisent et ripostent.

L’extrême droite se trouve enhardie par l’élection de Trump et le pays est encore plus profondément bipolarisé, mais l’Amérique ne tourne pas à droite. Les idées de gauche et les mouvements de protestation croissent également. Il y a moins d’un an, 12 millions de personnes ont voté pour un socialiste lorsque Bernie Sanders a été proche de remporter les primaires démocrates à la candidature présidentielle. Immédiatement après l’élection de Trump, des centaines de milliers de personnes sont descendues dans les rues des villes et des campus à travers le pays pour protester.

Notre camp est majoritaire, nous avons la capacité de stopper l’agenda de Trump, mais cela exige que nous soyons organisés et que nous ripostions, de la même façon que les millions de personnes qui sont descendus dans les rues de Corée du Sud pendant plusieurs jours et qui sont parvenus à contraindre la nouvelle présidente de droite à démissionner.

Nous ne parviendrons pas à empêcher que Trump devienne président, mais nous pouvons bâtir un mouvement de masse qui s’oppose à chaque mesure qu’il prendra. Cela débute le 20 janvier, le jour de l’inauguration, et cela se poursuit le 21 avec la Marche des femmes sur Washington. Les activistes se mobilisent, se dirigeant vers le Départment of Columbia [siège de la capitale] et organisent des protestations locales. Montez dans les bus, parlez-en à vos ami·e·s et rejoignez-nous! La résistance débute maintenant et nous avons besoin de vous. (Point de vue publié le 17 janvier 2016 sur le site Rainbow Times; traduction A l’Encontre)

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