Cuba. Les pharmas états-uniennes s’ouvrent à celles de Cuba et au retour sur investissement

Le groupe BioCubaFarma lors de la XXXIIe Foire  internationale de La Havanne, novembre 2015
Le groupe BioCubaFarma lors de la XXXIIe Foire
internationale de La Havanne, novembre 2015

Par Patricia Grogg

Cuba vise à attirer des investissements étrangers dans son industrie pharmaceutique et de biotechnologie dans le but déclaré de renforcer et d’accroître l’expansion d’un secteur productif qui jouit de ressources humaines qualifiées, d’une infrastructure déjà installée et de produits qui ont un intérêt pour le marché des Etats-Unis, plus exactement de firmes états-uniennes et d’autres pays industrialisé [la captation de savoir-faire spécifiques est une des forces de pharmas qui s’allient avec des firmes d’un pays comme Cuba; car il ne s’agit pas de la production de génériques avant l’échéance d’une patente, comme le font les pharmas indiennes. Certes tout accord sera présenté comme du win-win. – Réd. A l’Encontre]

Si les exportations vers les Etats-Unis et les «pays du Nord» font face à l’obstacle de l’embargo imposé par Washington, deux productions de pointe issues de la biotechnologie cubaine ont acquis une position reconnue sur le marché des Etats-Unis et, donc, ont entrouvert la porte au cours de la dernière année en vue d’éventuelles négociations.

Le Département du Trésor des Etats-Unis, en réponse à un besoin médical non résolu dans le pays, a concédé une autorisation pour que l’instance juridique la plus élevée dans le domaine, la FDA (Food and Drug Administration), soumette à l’examen le HeberProt P, un nouveau médicament cubain qui réduit le risque d’amputation à des patients diabétiques avec des ulcères graves du pied.

Selon les données de l’Association américaine du diabète, 29,1 millions de résidants aux Etats-Unis, soit le 9,3 de la population, souffrent de cette maladie (le diabète) en 2012. La majorité, des adultes de 20 ans et plus, constitue la tranche d’âge où le diabète touche 12,3% de la population, alors qu’en 2010 ce taux se situait à 11,3%. Une maladie qui donc progresse.

De plus, un accord entre le Centre d’Immunologie Moléculaire (CIM) cubain et l’Institut Roswell Park contre le Cancer à New York permettra de soumettre à des essais cliniques sur le territoire états-uniens le vaccin thérapeutique contre le cancer du poumon CIMAVax-EGF, créé en 2011 après 15 ans de recherches par cette institution de l’île.

Un spécialiste local de ce thème qui a demandé l’anonymat a considéré pour IPS (Inter Press Service) qu’il s’agit là de deux bons exemples de l’intérêt du pays voisin pour une industrie qui a commencé à être développée par Cuba dans la décennie 1980 et qui montre actuellement «des compétences propres, en général, à celles de pays industrialisés».

L’embargo économique et commercial des Etats-Unis contre Cuba survit encore au rétablissement des relations diplomatiques bilatérales, concrétisé en 2015. Mais le président Barack Obama pourrait utiliser ses prérogatives pour permettre, entre autres, l’importation par les Etats Unis de produits cubains du secteur de la biotechnologie.

Sans attendre l’arrêt des restrictions de la part des Etats-Unis, qui dépend de son Congrès législatif , le gouvernement cubain a actualisé son portefeuille d’opportunités d’investissement étranger, parmi lesquels sont priorisés des projets du secteur de biotechnologie, développement et production de médicaments dans la zone Economique de développement de Mariel.

Les offres incluent la construction d’une nouvelle installation biotechnologique industrielle pour la production d’anticorps monoclonés à usage thérapeutique pour le cancer et autres maladies chroniques non transmissibles, une usine d’hémodérivés et une autre pour la production de bio-médicaments pour le traitement du cancer et autres maladies.

Expansion de BioCubaFarma

Le groupe compte 38 entreprises cubaines et 11 à l’étranger travaillant sur 33 projets contre des maladies infectieuses, 33 projets de pèroduirs liés à oncologie, 18 aux troubles cardiovasculaires, ainsi que 7 pour le traitement du diabète et autres pathologies.

L'accent est mis sur les potentialités de BioCubaFarma, avec les réflexions et discours de Fidel. Pour ceux et celles  à la recherche d'une solution, médicale
L’accent est mis sur les potentialités de BioCubaFarma, avec les réflexions et discours de Fidel. Pour ceux et celles
à la recherche d’une solution, médicale

BioCubaFarma compte actuellement plus de 800 enregistrements sanitaires à l’étranger et plus de 1400 patentes enregistrées dans 50 pays.

Il exporte dans plus de 49 pays et son programme de développement à l’étranger inclut actuellement 30 essais cliniques dans 18 nations. Dans son expansion internationale, il utilise plusieurs modalités commerciales, parmi lesquelles se distingue le développement de projets de recherche communs.

Développement, accords de distribution et de représentation, accords de transfert de technologie et entreprises mixtes hors de l’île et d’autres constitués à cent pour cent de capital cubain à l’étranger.

Comme partie des réformes entreprises en 2011 par le IVe Congrès du gouvernant et unique Parti Communiste de Cuba, il a été créé un an après , le Groupe des Industries Biotechnologiques et Pharmaceutiques, connu par son acronyme BioCubaFarma et produit de la fusion de Quimefa, productrice de médicaments et du Pôle Scientifique de la Biotechnologie.

Le groupe est intégré par 38 entreprises consacrées à ces deux aspects, qui travaillent sur l’ensemble du spectre, puisqu’en leur sein on fait de la recherche, elles développent, elles produisent et exportent des produits pharmaceutiques et biotechnologiques.

Des rapports officiels de 2013 indiquent que dans les cinq ans précédents, le secteur a produit pour 2779 millions dollars de revenus.

On attend un doublement de ce montant pour 2008. Des directeurs du groupe signalent que parmi les défis posés sont inclus ceux de croître, moderniser l’industrie, diversifier les exportations et développer de nouvelles lignes. Dans ce sens, l’investissement étranger est déterminant et les projets présentés dans le portefeuille des opportunités atteignent 860 millions de dollars.

La nécessité d’une bonne injection de capital étranger n’est pas différente de celle qui est nécessaire pour tout le pays qui, selon les estimations de ses autorités, a besoin d’environ 2500 à 3000 dollars d’investissements annuels, pour aspirer à un développement de 6% du produit interne brut, but fixé pour atteindre le développement convoité.

Au total, les offres pour capter le capital étranger incluent 326 projets dans 12 secteurs économiques pour un montant qui dépasse les 8100 millions de dollars, parmi lesquels ressort le tourisme avec 94 projets. «Il s’agit du projet le plus attractif, ses bénéfices sont plus immédiats et le retour sur investissement est rapide» a commenté à IPS un diplomate européen.

Dans une étude sur les défis de l’industrie biotechnologique cubaine, Laura Pestano, professeur à l’Université de La Havane, a indiqué que la stratégie suivie pour ce secteur «est sa plus grande force, car elle est basée sur des ressources matérielles et humaines propres et elle a compté sur l’impulsion donnée par l’Etat depuis ses débuts »

«Des facteurs comme la coopération entre les différentes institutions et la stratégie de cycle fermé ont placé la biotechnologie cubaine un pas en avant sur le reste de cette industrie dans le monde, rendant possible que ses recherches se transforment en produits commercialisables et d’une grande reconnaissance internationale» a-t-elle conclu. (Traduction A l’Encontre; article publié par IPS le 26 janvier 2016. Patricia Grogg est correspondante d’IPS à Cuba)

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