Argentine. Les trois principales coalitions électorales ont présenté leurs candidats

Cristina Kirchner et Alberto Fernández… en 2007

Rédaction La Diaria

Sur les listes de toutes les grandes coalitions il y a des personnalités du péronisme.

Aussi bien le kirchnerisme que le macrisme ou encore l’alliance constitué derrière Roberto Lavagna [ministre de l’Economie de 2002 à fin 2005, sous les présidences de Eduardo Duhalde et de Nestor Kirchner] ont présenté leurs candidatures à la présidence argentine (présidente et vice-président). Le délai pour enregistrer les alliances électorales pour les PASO (Primaires, Ouvertes, Simultanées et Obligatoires) a pris fin ce mercredi 12 juin. Le samedi 15 juin s’est achevé le délai final pour le dépôt de candidatures. Les PASO auront lieu le 11 août 2019 et les élections nationales, le 27 octobre.

«Ensemble pour le Changement»: Mauricio Macri – Miguel Ángel Pichetto

Le président argentin, Mauricio Macri, cherche sa réélection avec une alliance qui a changé de nom: elle ne s’appelle plus Cambiemos (Changeons) mais Juntos por el Cambio (Ensemble pour le Changement). Hormis son propre parti, Propuesta Republicana (Proposition Républicaine), il conserve en tant qu’associés l’Unión Cívica Radical et la Coalición Cívica en incorporant aussi un dirigeant du Partido Justicialista (péronisme), Miguel Ángel Pichetto, comme candidat à la vice-présidence.

En rejoignant cette formule, Pichetto, qui est sénateur pour la province de Río Negro, a abandonné la présidence du groupe parlementaire du Péronisme pédéral (le péronisme non kirchneriste) au Sénat. Cette décision n’est pas seulement formelle mais politique, puisque son secteur ne s’aligne pas derrière la candidature officielle Macri-Pichetto. Selon des informations du quotidien argentin Clarín, des membres de son ancien groupe parlementaire ont demandé que Pichetto ne les représente plus dans son poste au Conseil de la Magistrature (l’organisme qui désigne les juges mais qui peut aussi les sanctionner), et d’autres ont même demandé que Pichetto abandonne son siège au Sénat, en affirmant que désormais ils ont un membre du parti de gouvernement assis parmi eux.

Pour le macrisme, l’accord passé avec Pichetto est porteur de bonnes nouvelles. La presse argentine parle d’un «effet Pichetto»: le lendemain de l’annonce de sa candidature au poste de vice-président, le dollar a enregistré une baisse de 2,2%, l’indice Merval de la bourse de Buenos Aires a pris 6,5% et certains secteurs d’entrepreneurs ont très bien accueilli la nouvelle.

Frente de Todos (Front de Tous): Alberto Fernández – Cristina Fernández

La formule présidentielle du Frente de Todos, qui se présente aux PASO sous le Partido Justicialista, a été annoncée le 18 mai dernier et a pris de surprise tous ceux qui espéraient que Cristina Fernández se présenterait une nouvelle fois à la présidence argentine. Ce jour-là, l’ancienne présidente a posté une vidéo dans laquelle elle disait : «J’ai demandé à Alberto Fernández de prendre la tête de notre formule, lui, en tant que candidat à la présidence et moi, au poste de vice-présidente». Elle a dit aussi que ce binôme «est celui qui exprime le mieux ce dont l’Argentine a besoin pour rassembler des secteurs sociaux et politiques plus larges». L’annonce a obligé d’autres secteurs, en particulier le macrisme, à réévaluer leurs chances électorales.

Alberto Fernández a été secrétaire général du gouvernement de Cristina Fernández de Kirchner (2007-2015) et aussi de celui de Néstor Kichner (2003-2007, son mari, décédé en 2010). Ensuite, il s’est éloigné du parti de la présidente, le Front pour la Victoire, pour assumer une position critique vis-à-vis du kirchnerisme.

Un autre ancien secrétaire général du gouvernement kirchneriste, Sergio Massa, qui a rompu avec le Front pour la Victoire alors qu’il était encore au gouvernement en fondant le Frente Renovador (Front pour le Renouveau), est parvenu à un accord avec Alberto Fernández, mercredi dernier, pour rejoindre le Frente de Todos. Jusqu’à ce vendredi 14 juin, on ne savait pas si l’accord implique que Massa participera aux PASO (donc dans les primaires) contre le binôme Fernández-Fernández ou s’il prendra la tête de la liste des candidats de députés pour le Congrès national. Quoi qu’il en soit, ce dirigeant a un grand poids électoral, notamment dans la province de Buenos Aires, le principal district électoral, où il est parvenu à obtenir – lors des législatives de 2013- 44% des voix, 11% de plus que le kirchnerisme.

Consenso Federal 2030: Roberto Lavagna – Juan Manuel Urtubey

Les tentatives de Roberto Lavagna de prendre la tête d’une candidature d’opposition avec des soutiens assez larges n’ont pas eu les résultats escomptés, en particulier ses aspirations de regrouper derrière lui le péronisme non kirchneriste. Néanmoins, l’ancien ministre de l’Economie des gouvernements d’Eduardo Duhalde et de Néstor Kichner, arrive aux PASO avec plusieurs alliés importants parmi eux, le gouverneur de la province de Salta, Juan Manuel Urtubey, un dirigeant du Péronisme Fédéral qui sera son candidat à vice-président.

Uturbey a dû abandonner ses velléités de postuler à la présidence pour accompagner Lavagna, un dirigeant qui a été lié au Parti Justicialista et au Front Renovateur. Mais Lavagna n’a pas été le seul choix qui s’est présenté à Uturbey. Le gouverneur de Salta a confirmé au quotidien La Nación que des dirigeants proches de Macri lui ont fait parvenir des propositions pour devenir numéro deux dans le binôme officiel. Il a refusé l’offre au nom de sa «cohérence». Aussi bien Uturbey que Lavagna insistent sur leur condition d’alternative au kirchnerisme et au macrisme.

Les alliances ont créé des tensions et des divisions à l’intérieur des partis concernés. La cheffe du groupe parlementaire Renovador à la Chambre des représentants, Graciela Camaño, qui disait qu’il ne serait pas facile de la convaincre sur le retour de Massa au Parti Justicialista et concurrencer ainsi le binôme Fernández-Fernández, a décidé de s’éloigner du dirigeant de son parti et de soutenir la candidature de Lavagna. L’époux de Camaño, le dirigeant syndical, entrepreneur et homme politique, Luis Barrionuevo, soutient aussi l’ancien ministre.

Mais les alliés de Lavagna ont été secoués à leur tour cette semaine. Avant de faire appel à Uturbey, le candidat avait constitué le «Frente Consenso 19» avec le Parti Socialiste et «Generación para un encuentro Nacional», de Margarita Stolbizer (députée de la Chambre de la nation depuis 1997). Selon la presse argentine, ce regroupement a été surpris par l’annonce de la candidature d’Uturbey à la vice-présidence parce que Lavagna n’en a pas parlé au leader socialiste Miguel Lifchitz, gouverneur de la province de Santa Fe, ni à Stolbizer.

Un échantillon de ces tensions – et un échantillon de la diversité des transferts entre partis – a été la décision d’un dirigeant socialiste de la ville de Buenos Aires, Roy Cortina, qui a déclaré qu’il ne se sent pas représenté par les candidats de Consenso Federal 2030 en annonçant qu’il rejoindra le macrisme.

D’autres alliés

Les partis minoritaires de gauche ont formé la coalition FIT Unidad – formée par le Front de Gauche et des Travailleurs (FIT), le Parti Ouvrier, Gauche Socialiste et Mouvement Socialiste des Travailleurs – dont les candidats sont Nicolás del Caño et Romina del Plá. La seule femme candidate à la présidence est Manuela Castañeira, du Nuevo Movimiento al Socialismo (MAS). (Article paru le 15 juin 2019; traduction A l’Encontre)

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